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Les secrets des discussions en cachette, c’est tout Garges-lès-Gonesse. Bghit rencontrer une femme maghrébine ici, mais entre la dar, les regards du quartier à Dame Blanche ou La Muette, c’est jamais simple. Salam, tu croises une fille aux Doucettes, tu sens direct la galère : tu veux lui parler, mais t’as la voix de la famille dans la tête, les valeurs, le respect, tout ça. Pourtant, au fond, j’ai envie de vivre mes propres choix, de partager un thé à la menthe sans que tout le monde surveille. Parfois, je me demande si on arrivera à trouver l’équilibre entre ce qu’on nous a appris et ce qu’on ressent vraiment. Ici, chaque discussion volée, chaque sourire échangé, c’est un petit pas vers la liberté, même si la tradition pèse lourd. Mais je garde espoir, parce qu’au fond, on veut tous aimer sans se cacher.

Garges-lès-Gonesse
Les secrets des discussions en cachette
Parfois, la nuit tombe sur Garges-lès-Gonesse comme un voile qui recouvre nos rêves et nos doutes. Assis sur un banc à La Muette, je repense à toutes ces discussions qu’on a eues, mes cousins et moi, à voix basse, loin des oreilles des darons. On parle de tout, mais surtout de ce qu’on n’ose pas dire à la maison : bghit rencontrer une fille, une vraie rencontre, pas juste un salam échangé à la va-vite devant le centre commercial des Doucettes. Ici, tout le monde se connaît, tout le monde surveille, et parfois, ça donne l’impression que nos vies sont déjà écrites.
Dans ma famille, les valeurs, c’est sacré. Le respect, la pudeur, la réputation, tout ça pèse sur nos épaules comme un manteau trop lourd. Pourtant, au fond de moi, j’ai envie de vivre autre chose, de suivre mes envies, même si ça veut dire galérer un peu. Je vois bien les regards des filles à Dame Blanche, leur façon de marcher en groupe, de rigoler entre elles, mais aussi cette barrière invisible qui nous sépare. On se croise, on se jauge, mais on n’ose pas trop. La peur de décevoir la famille, de faire un faux pas, c’est plus fort que tout.
Je me dis souvent que c’est dommage. On partage la même histoire, les mêmes origines, les mêmes souvenirs de vacances au bled, et pourtant, on se parle à peine. Peut-être parce qu’on a grandi avec cette idée que tout doit rester caché, que les sentiments, ça se garde pour soi. Mais parfois, le cœur veut autre chose. Il veut sortir de la routine, il veut aimer, il veut être libre, même si c’est compliqué.
Dans les rues de Garges, entre les tours et les terrains de foot, il y a une chaleur humaine qu’on ne trouve nulle part ailleurs. On se serre les coudes, on s’entraide, mais quand il s’agit d’amour, chacun fait sa route en silence. Je comprends ceux qui ont peur, ceux qui hésitent, parce que moi aussi, j’ai grandi avec cette dualité : honorer la famille ou écouter mes propres envies. C’est pas facile de trouver l’équilibre, surtout ici, où tout le monde a un avis sur tout.
Mais je crois qu’il faut du courage pour aller vers l’autre, pour dépasser les non-dits. Peut-être qu’un jour, à force de se croiser aux Doucettes ou à La Muette, on finira par se parler vraiment, sans masque, sans peur. Parce qu’au fond, on cherche tous la même chose : être compris, être aimé, sans avoir à choisir entre nos racines et nos rêves.
Parfois, il suffit d’un regard pour briser les murs.