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Ces filles qu’on croise en bas de la cité, foulard léger ou cheveux au vent, elles traversent Bordeaux comme des mirages familiers. Saint-Michel, Bacalan, La Benauge : ici, chaque coin de rue sent la menthe fraîche et le mektoub. Inchallah, tu croises son regard au marché, entre deux étals d’olives, mais la religion veille, discrète et puissante, comme une khamsa accrochée au rétroviseur. On se parle du bout des lèvres, sa7bi, parce qu’on sait que chez nous, l’amour se conjugue avec pudeur, que la foi trace des frontières invisibles. Pourtant, sous les néons fatigués des kebabs, les rêves s’échangent, timides, entre deux prières. À Bordeaux, aimer une femme maghrébine, c’est danser avec les traditions, jongler avec les regards, espérer que le destin, un soir, nous donne la main. Inchallah.
Bordeaux
Ces filles qu’on croise en bas de la cité, elles ont dans le regard la force de leurs mères et la pudeur de leurs grands-mères. À Bordeaux, entre les murs fatigués de Saint-Michel et les rires qui s’échappent des balcons de Bacalan, elles marchent, droites, voilées ou cheveux au vent, portées par le souffle d’un héritage qui ne s’efface pas. On les aperçoit, parfois, à la sortie du tram, un sac de courses à la main, ou assises sur les marches, à refaire le monde en arabe, en français, en ce mélange doux-amer qui fait la ville.
Tu veux rencontrer une femme maghrébine ici, sa7bi ? Ce n’est pas comme dans les films. Ici, l’amour se faufile entre les traditions, la religion, les regards des voisins. À La Benauge, les odeurs de chorba montent des fenêtres, et les anciens veillent, discrets mais présents. Inchallah, tu croiseras celle qui te fera chavirer, mais sache que rien n’est simple. La religion, c’est la boussole et parfois la frontière. On se parle, on se cherche, mais toujours avec cette pudeur, cette distance dictée par le respect, par la peur de décevoir la famille, d’aller contre le mektoub.
Parfois, tu sens que tout pourrait basculer, qu’un sourire pourrait tout changer. Mais il y a la khamsa autour du cou, le rappel que tout est écrit, que l’amour, ici, se vit souvent en silence, à l’abri des regards, dans les messages effacés, les rendez-vous volés entre deux prières. On rêve, on espère, mais on avance prudemment, parce que la foi, c’est aussi une promesse à soi-même, une fidélité à ce qu’on a appris depuis l’enfance.
Dans ces quartiers, l’amour n’est jamais loin, mais il se mérite. Il faut comprendre les codes, respecter les silences, accepter que parfois, la religion impose ses propres règles. Ce n’est pas un obstacle, c’est une autre façon d’aimer, plus lente, plus profonde, peut-être plus vraie. On se découvre à travers les mots, les regards, les gestes retenus. On apprend la patience, on apprend le respect.
Même dans l’ombre, l’amour trouve sa lumière.