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Et si le kif passait par un regard sincère ? À Rodez, sous la lumière pâle de Saint-Éloi, le parfum du khobz chaud s’échappe des boulangeries où les femmes maghrébines discutent, teh à la main, voix douces et rieuses. Dans les cafés de Gourgan, la houma s’anime : ici, les regards se croisent, les histoires se tissent. Labess ? demande-t-on, et la chaleur du mot efface la distance. Les bancs, les terrasses, deviennent des ponts entre les mondes, où la sociologie s’écrit dans les gestes quotidiens. Rencontrer une femme maghrébine à Rodez, c’est accepter de s’asseoir, d’écouter, de partager un bout de vie, un sourire, un silence. C’est là, dans ces lieux communautaires, que naît la magie : celle d’un échange vrai, où l’on se découvre, simplement, humain parmi les humains.
Et si le kif passait par un regard sincère ?
Dans la lumière douce d’un matin à Rodez, la ville s’éveille lentement, comme si elle hésitait à dévoiler ses secrets. Je marche dans les rues de Saint-Éloi, là où les façades racontent mille histoires, où le teh fume sur les tables en plastique des cafés, et où la houma vibre d’une chaleur humaine que seuls ceux qui la vivent peuvent comprendre. Ici, le bonjour se dit avec un sourire, un "labess ?" lancé à la volée, et parfois, un regard qui s’attarde un peu plus longtemps.
Je me souviens de ma première fois à Gourgan, ce quartier où les odeurs de khobz chaud se mêlent à celles du café noir. J’étais venu chercher un peu de mon enfance, ce mélange de France et de Tunisie, et j’ai trouvé bien plus : des femmes assises en cercle, discutant à voix basse, des enfants courant après un ballon, et cette impression que, même loin de Tunis, la communauté sait recréer un bout de chez elle. C’est là, dans ces lieux communautaires, que les rencontres prennent un autre sens. On ne vient pas ici pour consommer l’instant, mais pour le partager, le savourer, comme un verre de teh à la menthe.
Dans les cafés de la place, les discussions s’étirent, les regards se croisent, et parfois, une femme maghrébine laisse tomber un éclat de rire qui fend la routine. Il ne s’agit pas de séduire, mais d’écouter, de comprendre ce que la vie a déposé dans ses yeux. Les histoires se tissent autour d’un plateau de pâtisseries, d’un souvenir d’Alger ou de Sfax, et la magie opère quand on ose être vrai, sans masque, sans cliché. Ici, la sincérité est la plus belle des invitations.
À Rodez, aimer, c’est d’abord apprendre à regarder. À voir au-delà du voile, au-delà des origines, à reconnaître dans l’autre ce même besoin de chaleur, de respect, de complicité. Les quartiers populaires ne sont pas des décors, mais des mondes à explorer, où chaque teh partagé peut devenir le début d’une histoire. Il suffit d’oser franchir la porte d’un café, de saluer la houma, de demander si tout va bien, labess, et de laisser le temps faire son œuvre.
Car au fond, les sentiments ne connaissent ni voile ni cliché.