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Ces filles qu’on croise en bas de la cité, elles portent la parole comme on porte le khobz chaud, avec fierté et partage. À Carcassonne, si tu veux vraiment rencontrer une femme maghrébine, c’est à La Conte ou Ozanam qu’il faut traîner, là où le teh fume dans les cuisines et où la vie palpite entre les immeubles. Ici, la parole des femmes musulmanes s’est libérée, houma elles discutent fort, elles rient, elles débattent sur la place, sans peur du regard des autres. J’ai appris à écouter ces voix, à comprendre que derrière chaque foulard, chaque sourire, il y a une histoire de courage, de rêves, de labess arraché au quotidien. À La Bastide, entre deux marchés, j’ai croisé Leïla : elle m’a parlé d’avenir, de liberté, sans détour. Ici, la rencontre, c’est d’abord un échange vrai, un respect, une écoute.

Carcassonne
Ces filles qu’on croise en bas de la cité, elles portent la houma sur leurs épaules comme un manteau invisible. À Carcassonne, la lumière du soir glisse sur les pierres de La Bastide, mais c’est dans les rues de La Conte ou d’Ozanam que la vie palpite vraiment, là où le teh fume dans les verres et où le khobz passe de main en main, comme un secret partagé.
Tu me demandes comment rencontrer une femme maghrébine ici, dans cette ville où les remparts semblent séparer les mondes. Je te réponds sans détour : commence par écouter. Les femmes de la houma, elles ont appris à parler fort, à rire sans baisser les yeux, à dire labess même quand le cœur bat trop vite. Leur parole, longtemps tenue en laisse, s’est libérée dans les cafés, sur les bancs, à la sortie du lycée ou devant la boulangerie où l’on attend le pain chaud.
Elles ne cherchent pas à plaire, elles cherchent à être entendues. Elles parlent de tout, de la famille restée au bled, des rêves de voyage, des études, de la galère pour trouver un stage, du racisme qui colle à la peau comme une poussière tenace. Elles parlent d’amour aussi, mais à leur façon, pudique et directe, sans détour ni fausse promesse.
Dans la houma, la solidarité est une seconde nature. Les femmes se soutiennent, se défendent, se racontent. Elles n’ont plus peur de dire non, de dire oui, de dire je veux, je ne veux pas. Leur parole est une arme douce, une façon de tracer leur chemin dans la ville, de s’inventer une place entre deux cultures, deux langues, deux mondes.
Si tu veux vraiment les rencontrer, oublie les clichés. Viens avec ton histoire, tes doutes, ta sincérité. Prends le temps de regarder, de saluer, de partager un teh ou un sourire. Ici, la confiance ne se donne pas, elle se construit, pierre après pierre, mot après mot.
Parfois, il suffit d’un regard pour briser les murs.